Les coqs de roche passent dans le cristal / Ils défendent la rosée à coups de crête / Alors la devise charmante de l’éclair / Descend sur la bannière des ruines / Le sable n’est plus qu’une horloge phosphorescente / Qui dit minuit _ André Breton

Ma femme au ventre de dépliement d’éventail des jours / Au ventre de griffe géante / Ma femme au dos d’oiseau qui fuit vertical / Au dos de vif-argent / Au dos de lumière _ André Breton

Les comètes s’appuieront tendrement aux forêts avant de les foudroyer / Et tout passera dans l’amour indivisible _ André Breton

Ses griffes de jade dans lesquelles il se mire en volant / Son poil de la couleur des étincelles / C’est lui qui gronde dans les forges au crépuscule et dans les lingeries abandonnées / Il est visible on le touche il avance avec son balancier sur le fil tendu d’hirondelles _ André Breton

Il n’y a plus ni rouge ni bleu. Le rouge-bleu unanime s’efface à son tour comme un rouge-gorge dans les haies de l’inattention. _ André Breton

Le marquis de Sade a regagné l’intérieur du volcan en éruption / D’où il était venu / Avec ses belles mains encore frangées / Ses yeux de jeune fille / Et cette raison à fleur de sauve-qui-peut qui ne fut / Qu’à lui _ André Breton

Les oiseaux s’ennuieront _ André Breton

Je rêve je te vois superposée indéfiniment à toi-même / Tu es assise sur le haut tabouret de corail / Devant ton miroir toujours à son premier quartier / Deux doigts sur l’aile d’eau du peigne _ André Breton

Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Une forme très petite, délimitée par des bijoux de cheveux. C’est le désespoir. Un collier de perles pour lequel on ne saurait trouver de fermoir et dont l’existence ne tient pas même à un fil, voilà le désespoir. Le reste nous n’en parlons pas. _ André Breton

Sous le couvert des pas qui regagnent le soir une tour habitée par des signes mystérieux au nombre de onze / La neige que je prends dans la main et qui fond / Cette neige que j’adore fait des rêves et je suis un de ces rêves _ André Breton

Ma femme aux yeux pleins de larmes / Aux yeux de panoplie violette et d’aiguille aimantée / Ma femme aux yeux de savane / Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison / Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache / Aux yeux de niveau d’eau de niveau d’air de terre et de feu _ André Breton

Je ne touche plus que le cœur des choses je tiens le fil _ André Breton

Sous la mousse creuse et sous tes pas qui n’en sont pas / Mes rêves seront formels et vains comme le bruit de paupières de l’eau dans l’ombre / Je m’introduirai dans les tiens pour y sonder la profondeur de tes larmes _ André Breton

Je suis un des rouages les plus délicats de l’amour terrestre / Et l’amour terrestre cache les autres amours / A la façon des signes qui me cachent l’esprit / Un coup de couteau perdu siffle à l’oreille du promeneur / J’ai défait le ciel comme un lit merveilleux _ André Breton

J’entends se déchirer le linge humain comme une grande feuille / Sous l’ongle de l’absence et de la présence qui sont de connivence _ André Breton

Il viendra un jour où les images remplaceront l’homme et celui-ci n’aura plus besoin d’être, mais de regarder. Nous ne serons plus des vivants mais des voyants. _ André Breton

Je chante la lumière unique de la coïncidence _ André Breton

Ils auront beau/ Devant leur glace à perdre haleine/ Tendre l’arc maudit de l’ascendance et de la descendance/ Tu ne ressembles plus à personne de vivant ni de mort/ Mythologique jusqu’au bout des ongles _ André Breton

Je vois les arêtes du soleil/ A travers l’aubépine de la pluie _ André Breton

Le grand frigorifique blanc dans la nuit des temps/ Qui distribue les frissons à la ville/ Chante pour lui seul/ Et le fond de la chanson ressemble à la nuit _ André Breton

_ Si seulement il faisait du soleil cette nuit _ André Breton

_ Cet explorateur aux prises avec les fourmis rouges de son propre sang _ André Breton

_ La femme au corps de papier peint _ André Breton

_ Tous les rideaux du monde tirés sur tes yeux… _ André Breton