Chaque jour j’attends tout. _ Christian Bobin

Maintenant nous sommes dans l’ère des yeux vides. Tout me blesse en dehors de ce temps que j’ouvre, pour que tu y passes. _ Christian Bobin

J’ai sonné à leur porte, celle où il y a une petite clochette au son si magnifique. Mais personne ne m’a ouvert. _ Christian Bobin

Dépouillé d’une partie de son feuillage, il respire encore et même parfois il vole, porté par les anges pour qui rien n’est sans mouvement secret. _ Christian Bobin

La couleur jaune monte à ses feuilles comme le rouge aux joues des timides. _ Christian Bobin

Ce qui est blessé en nous demande asile aux plus petites choses de la terre et le trouve. _ Christian Bobin

La pesanteur est votre toit, la pesanteur est votre chaise. / Nous avons mis du temps, nous avons mis beaucoup de temps avant d’atteindre au plus léger. / Les berceaux nous ont appris — si peu de souffle, tant de fraîcheur. / Les tombes nous ont appris — tellement de marbre sur tant de vide. / Légèreté est notre dieu. _ Christian Bobin

Les oiseaux qui inventent le ciel. Pour éviter le vertige. La chute. _ Christian Bobin

La lumière du jour n’est pas la vraie lumière. _ Christian Bobin

Bien sûr on a beaucoup écrit, beaucoup fait pleuvoir le mot amour sur le doux papier blanc. Bien sûr. Écrire n’est pas dire, comme vous le savez. /…/ C’était il y a longtemps. Une pluie de livres, un vrai déluge. /…/ Depuis on a cessé. Depuis on a compris : pour bien écrire le mot amour, il y faudrait plus d’encre qu’il n’y a au monde. _ Christian Bobin

Quand je leur ai dit que je t’aimais, ils m’ont répondu : “Pour qui tu te prends ?“ _ Christian Bobin

L’art suprême, ce qui manque à tant de petits maîtres, c’est de savoir donner sa langue au chat. _ Christian Bobin

Personne ne peut m’arrêter maintenant. J’ai des ailes. _ Christian Bobin

Les oiseaux qui gardent toujours un désir antérieur au monde : le désir de n’être rien. Ce rien des cailloux de plumes et de sang mêlés que pas même le vent ne bouscule. Ce papier froissé d’os et de cornes, contre une palissade, derrière un mur. _ Christian Bobin

Que voient-ils, ceux qui meurent, quelle couleur se vrille dans leurs yeux renversés, transperce leur âme encore vibrante ? Quelle pluie de lumière lave leurs regards d’os, aveugles au monde et clairvoyants, quel amour ébloui ? _ Christian Bobin

portrait caché / 31 _ Le dieu auquel je crois n’est pas fort, mais il est aussi invincible qu’un courant d’air. _ Christian Bobin

La première fois que je rencontrai l’homme à tête de cheval, je n’avais aucun sucre sur moi. _ Christian Bobin

C’est la vanité qui fait les livres. C’est si beau que tu n’aies jamais rien écrit. _ Christian Bobin