Le Cerveau — est plus grand que le Ciel — / Mettez-les côte à côte — / L’un contient l’autre / Sans problème — et Vous — en plus — /…/ Le Cerveau est plus profond que la Mer — / Tenez-les — Bleu pour Bleu — / L’un absorbe l’autre — Comme l’Éponge — l’eau — d’un Seau — /…/ Le cerveau pèse exactement le poids de Dieu — / Soupesez-les — Livre par Livre — / La différence — si elle existe — / Est celle de la Syllabe au Son — _ Emily Dickinson

Voyait-elle plus haut que le ciel des patries / Le monument ailé de ses allégories ? / Mille anges de la danse aux ailes d’or et lourds / Soulevaient l’opéra de marbre et de velours. / Les voiles de Léone étaient ceux d’un navire. _ Jean Cocteau

Tous les coquelicots ou les lèvres des femmes reflétés dans le ciel / Il a plu / Les enfants se noient sur le trottoir / Et le flot de la rue / La ville en entonnoir _ Pierre Reverdy

Vert marin, amiral des verts. / Vert terrestre, camarade des laboureurs, / innombrable acompte du bonheur de tous, / ciel infini de ce troupeau paissant un frais pacage d’éternités. /… / Lumière sous-marine du bosquet / où les oiseaux, les plantes, les insectes / s’épuisent dans l’amour silencieux d’un dieu vert. _ Jorge Carrera Andrade

Crusoé ! — ce soir près de ton Île, le ciel qui se rapproche louangera la mer, et le silence multipliera l’exclamation des astres solitaires. / Tire les rideaux ; n’allume point _ Saint-John Perse

Quand l’aigle de Dieu brisera ton miroir / les étoiles confiantes s’approcheront de toi. / Tu ne seras plus qu’une zone d’amour / où chanteront les voix nouvelles, / où passeront des millions d’êtres clairs / s’en allant rejoindre leurs ciels / pour la suprême ronde des lumières. _ Pericle Patocchi

Celui-là, c’est dans le jour qu’il apparaît, dans le jour le plus blanc. Oiseau. / Il bat de l’aile, il s’envole. Il bat de l’aile, il s’efface. / Il bat de l’aile, il réapparaît. / Il se pose. Et puis il n’est plus. D’un battement il s’est effacé dans l’espace blanc. / Tel est mon oiseau familier, l’oiseau qui vient peupler le ciel de ma petite cour. Peupler ? On voit comment… / Mais je demeure sur place, le contemplant, fasciné par son apparition, fasciné par sa disparition. _ Henri Michaux

L’orage est près / Une branche s’incline sur l’œil qui dort / Un poisson mort / L’eau s’étire / Quelqu’un sort / Là-haut on pourrait lire un mot / La chambre est remplie d’air chaud / Ce qui tombe / La pluie / Larmes de tout le monde / Un éclair luit / Le ciel s’entr’ouvre / On rit / C’est la tête fendue d’un homme qui soupire _ Pierre Reverdy

Le soleil est dans la terre / tout le ciel sous une dalle / les soldats veillent / des anges / rôdent autour / la brise / remue l’herbe des tombes / les morts / ont des sourires qui chantent / dans le ramage des grives _ Pericle Patocchi

Nuages du premier jour, / Nuages insensibles et que rien n’autorise, / Leurs graines brûlent / Dans les feux de paille de mes regards. /…/ A la fin, pour se couvrir d’une aube / Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit. _ Paul Éluard

Mon Cocon me serre — les Couleurs me taquinent — / J’aspire à l’Air — / Une vague envie d’Ailes / Titille la Robe que je porte — /… / Pouvoir de Papillon sans doute — / L’Aptitude à voler / Suppose des Champs de Majesté / Ou de tranquilles Versants de Ciel — Emily Dickinson

Oiseaux ciseaux coupant le ciel / flèche de fer des hirondelles / cailloux tombant des passereaux / lessivage des étourneaux /…/ promenade des pigeons / promenade des dindons / et des paons la salutation _ Raymond Queneau

Soleil de proie prisonnier de ma tête, / Enlève la colline, enlève la forêt. / Le ciel est plus beau que jamais. / Les libellules des raisins / Lui donnent des formes précises / Que je dissipe d’un geste. _ Paul Éluard

Quand l’aigle de Dieu brisera ton miroir / les étoiles confiantes s’approcheront de toi./ Tu ne seras plus qu’une zone d’amour / où chanteront les voix nouvelles, / où passeront des millions d’êtres clairs / s’en allant rejoindre leurs ciels / pour la suprême ronde des lumières. _ Pericle Patocchi

Il est bien évident — avait-il noté — que le mot « azur » évoque le mot “ciel » mais ne le révèle pas. Le mot « vide », par contre, le pourrait. / Si j’écris : « Avant d’être noir, bleu fut le vide de mon âme », je couvre, avec cette seule phrase, toute l’étendue du ciel. _ Edmond Jabès

Les oiseaux qui inventent le ciel. Pour éviter le vertige. La chute. _ Christian Bobin

Je sors, / Il y a des milliers de pierres dans le ciel, / J’entends / De toute part le bruit de la nuit en crue. / Est-il vrai, mes amis, / Qu’aucune étoile ne bouge ? _ Yves Bonnefoy

Dans la nuit grandit le ciel, / eucalyptus incendié. / Étoiles généreuses : / ne m’écrasent pas, m’appellent. _ Octavio Paz

Dans ma tête je sens la vitesse de la rotation de la terre, / et tous les pays et tous les vivants tournent en moi, / envie centrifuge, fureur d’escalader le ciel jusqu’aux astres / bats à coups redoublés contre les parois internes de mon crâne. _ Fernando Pessoa

Parce qu’il faut que chacun tente à présent tout l’impossible, / Même si tu n’es qu’un souffle d’il y a des milliers d’années, / Une grande vitesse acquise, une durable mélancolie / Qui ferait tourner encor les sphères dans leur mélodie. / Je voudrais, mon Dieu sans visage et peut-être sans espérance, / Attirer ton attention, parmi tant de ciels vagabonde, / Sur les hommes qui n’ont plus de repos sur la planète. _ Jules Supervielle

Si le soleil ne s’éteint pas sur mes États, / c’est que mon règne est d’un seul jour. / L’anti-roi de la nuit d’en bas, / l’anti-moi de l’autre face, / il pense et meut un ciel noir crevé d’astres. _ René Daumal

Je pensais que la Tempête — était brève —/ Plus vite Déchaînée — plus vite calmée — / Mais la Nature en a perdu la Date — / Et l’a laissée dans le Ciel — _ Emily Dickinson

Toi, couché là sur le dos, / Les yeux au ciel. / Les hommes-araignées t’ont capturé, /…/ Roulé, entortillé avec leurs chaînes mesquines, / Leurs combines — / Autant de fils de soie. _ Sylvia Plath

Le ciel a ses hamacs / Venise ses gondoles / La nuit avec le jour échange des paroles _ Jean Cocteau

Nul geste d’amitié chez l’oiseau, le nuage, / le toit grégaire dont se froncent les sourcils. / Un moine vert et muet habite dans chaque arbre / et un ciel sans pupilles regarde le monde. _ Jorge Carrera Andrade

Mon âme, dans son Neptune de métal, / Forgée avec les minéraux de l’homme. / Tel fut le dieu du commencement dans le tourbillonnant dédale de la mer, / Et mes images ont rugi et fusé sur les pentes du ciel. _ Dylan Thomas

Il n’y a plus d’écriteaux au ciel / que des lambeaux / des oreilles perdues / Et des têtes inquiètes / Des lueurs de regards / Et par la porte ouverte / La perspective du hasard _ Pierre Reverdy

Triptyque / volet B _ Sans seuil, sans sol, sans ciel, vent par vent je m’étends, / Passager m’assaillant de hasards oscillants, / Me plissant en sillages sauvages, multipliant / L’ouragan par l’ouragan, éconduisant / L’écume, lente amante étendant son lit blanc. _ Armand Robin

Dieu se promenait là, violoneux de garde, qui, d’un coup d’archet, / A fait descendre le pardon sur les pentes du ciel. _ Dylan Thomas

que ferais-je sans ce silence gouffre des murmures / haletant furieux vers le secours vers l’amour / sans ce ciel qui s’élève / sur la poussière de ses lests _ Samuel Beckett

Sur les blessures que les montagnes clament aux quatre vents / Se pose le baume rose, oscillant du couchant. / L’éternité fredonne un vol de scarabée, / Aux fontaines se déride un ciel en peine / Et l’herbe se décide à l’embrasser. _ Armand Robin

Mon cœur est l’arc et le ciel est la corde / d’où s’envola comme un rire la flèche / la flèche oiseau qui s’est rivée au cœur / au cœur de l’arbre enchevêtré d’oiseaux _ Michel Leiris

Je frotte mes paupières : / le ciel marche sur la terre _ Octavio Paz

VÔTRE ÂME est de retour des confins de moi-même / Prisonnière d’un ciel aux paresseux chemins / Où dormait simplement dans le creux d’un poème / Une nuit de voleur sous le ciel de ma main. _ Jean Genet

Dans le sous-sol toutes les glaces s’allument à la fois / La température baisse / Il fait froid / Le ciel est épais / Sous les nuages bas _ Pierre Reverdy

Je suis un des rouages les plus délicats de l’amour terrestre / Et l’amour terrestre cache les autres amours / A la façon des signes qui me cachent l’esprit / Un coup de couteau perdu siffle à l’oreille du promeneur / J’ai défait le ciel comme un lit merveilleux _ André Breton

C’est la Nuit qui secoue les branches / messages du ciel / les oiseaux immobiles crient / les serpents s’enterrent / et les hommes ferment les volets / et les paupières / messages de la terre _ Philippe Soupault

composition / 64 _ L’avion tisse les fils télégraphiques _ Philippe Soupault

Je ne peux plus rien voir, au fond du ciel, qu’un énorme chien blanc qui mord la lune. Et le chien n’est pas un nuage. S’il n’appartient à personne, il s’en ira. Et nous pourrons revoir le jour. _ Pierre Reverdy

Un jour j’abandonnerai ces mains/ dans l’argile encore chaude du silence,/ je gravirai le ciel,/ aux arbres de telles choses sont consenties. _ Eugénio de Andrade