Ma gorge a connu la soif avant l’armature / De peau et de veines autour du puits / Où les mots et les eaux forment un mélange qui tient / Jusqu’à ce que jaillisse le sang vicié. _ Dylan Thomas

Nourris la lumière et ne voile pas la lune en forme d’homme, / Ne remonte pas les vents qui n’atteignent pas l’os / Mais arrache au cercle la moelle aux douze vents. / Maîtrise la nuit, ne sers pas le cerveau du bonhomme de neige / Qui donne à chaque élément touffu de l’air / La forme d’une étoile polaire sur un glaçon. _ Dylan Thomas

Si cela suffisait, suffisait à calmer la douleur, / Le regret éprouvé quand s’est consumé / Ce qui faisait ma joie dans le soleil. / Que j’étais heureux tant qu’elle a duré, / Il y avait des choses vagues et de doux mensonges à foison, / Les mots creux pouvaient contenir toute la souffrance /Et me guérir de mes maux. _ Dylan Thomas

Une fois tétée la mer galactique / Et tout le fond de mer à sec déverrouillé / J’ai envoyé ma créature en éclaireur sur le globe, / Ce globe de cheveux et d’os / Cousu par ma cervelle et mes nerfs / Avec ma fiasque de matière ficelée à une côte. _ Dylan Thomas

Une ombre dans les intempéries de l’œil / Est la moitié de la lumière. La mer sondée / Se brise sur une terre sans angle. / La semence qui fait surgir une forêt dans les reins / Enfourche à demi le fruit et à demi s’égoutte / Dans un vent qui s’endort. _ Dylan Thomas

J’ai ardemment souhaité partir mais j’ai peur. / Une vie, encore neuve, pourrait fuser / Hors du vieux mensonge en feu sur le sol / Et, crépitant dans l’air , me laisser à demi aveugle. _ Dylan Thomas

L’homme évidé a pleuré en réclamant des habits blancs. _ Dylan Thomas

Au commencement était le mot, le mot / Qui des bases solides de la lumière / A dérobé toutes les lettres du vide. _ Dylan Thomas.

Hors des soupirs quelque chose naît / Qui n’est pas le chagrin, car je l’ai abattu / Avant l’agonie. L’esprit pousse / Oublie et pleure. _ Dylan Thomas

L’aube point derrière les yeux. / Des pôles du crâne et de l’orteil le sang venteux / Glisse comme une mer. _ Dylan Thomas

Le monstre de cette histoire, à la coiffe de serpent / Et aux anneaux aveugles, s’enroule autour des contours de feu, / Mesure sa longueur sur le mur du jardin / Et brise sa coquille dans l’ultime choc du commencement. _ Dylan Thomas

Les moitiés qui percent le chas dans les airs, / Piquent à travers le dé le ciel au pouce maculé. / L’âme est muette qui a bégayé dans la paille, / L’âme qui a fait éclore la peste en prenant son essor / Aveugle l’œil rabatteur de nuages. _ Dylan Thomas

Mon âme, dans son Neptune de métal, / Forgée avec les minéraux de l’homme. / Tel fut le dieu du commencement dans le tourbillonnant dédale de la mer, / Et mes images ont rugi et fusé sur les pentes du ciel. _ Dylan Thomas

Qu’aucun troisième œil ne sonde le sexe de l’arc-en-ciel / Qui enjambait les deux moitiés de l’homme. _ Dylan Thomas

Dieu se promenait là, violoneux de garde, qui, d’un coup d’archet, / A fait descendre le pardon sur les pentes du ciel. _ Dylan Thomas

J’écoute le mauvais temps tomber. _ Dylan Thomas

Moi, dans l’arbre d’orties avec l’insecte de bois, / Dans le lit de verre de la vigne avec l’escargot et la fleur, / J’écoute le mauvais temps tomber. _ Dylan Thomas

Quel homme de rhubarbe pelé dans ces eaux d’embruns bleus / A semé un jardin volant autour de cette âme marine. _ Dylan Thomas

Que le premier Pierre, du bord de l’arc-en-ciel, / Demande au grand poisson venu de l’orient biblique / Quel homme de rhubarbe pelé dans ces eaux d’embruns bleus / A semé un jardin volant autour de cette âme marine. _ Dylan Thomas

J’ai entendu bien des années de contes / Et bien des années verront un changement. /…/ La balle que j’ai lancée en jouant dans le parc / N’a pas encore touché le sol. _ Dylan Thomas

Qui habille d’or de tels visages, et l’esprit de lin / Unit le long gentleman à la poussière et aux furies. / Avec prêtre et pharaon couche ma douce blessure _ Dylan Thomas

La graine d’homme dans le grain qui dort, / Des champs flanqués d’étoiles de l’espace / Tonne sur la ville inconnue / Avec une garnison sablée de sacs, / Et le héros qui lève ne braquera pas / Les canons de son royaume / Hors du lieu tâtonnant qui cherche la tombe. _ Dylan Thomas

Devenu l’ami du sommeil qui m’a baisé dans la tête / J’ai laissé tomber la larme du temps. L’oeil du dormeur, / A peine ouvert, s’est retourné vers moi comme une lune. _ Dylan Thomas

La main qui signa l’acte abattit une cité. / Cinq doigts souverains levèrent une taxe sur le souffle, / Doublèrent le globe de morts et coupèrent un pays en deux. / Ces cinq rois firent mourir un roi. _ Dylan Thomas

Et partout, partout, les mondes secs se soulèvent, / Période glaciaire, l’océan solide, / Surgissant de l’huile, la livre de lave. / Cité du printemps, la fleur gouvernée / Tourne dans la terre qui fait tourner les villes / De cendres autour d’une roue de feu. _ Dylan Thomas

Qui pourrait arracher l’empreinte sans forme / De ton ombre foulant demain / Avec un oracle en guise d’oeil ? _ Dylan Thomas

J’apprendrai le printemps par le chant du coucou/ Et la limace m’enseignera la destruction. _ Dylan Thomas

Une branche s’est détachée de l’arbre. Elle n’a pas immédiatement glissé à terre. D’autres branches l’ont retenue et l’ont veillée pendant quelques heures. _ Christian Bobin

La force du plomb vert qui pète dans la fleur/ Pète dans mon âge vert, qui fait sauter les racines des arbres/ Me détruit./ Et je suis muet pour dire à la rose tordue/ Que ma jeunesse est courbée par la même fièvre hivernale. _ Dylan Thomas

Balafré sur le cratère érodé par la marée,/ Avec des yeux de suif dans un livre d’eau,/ Dans une lumière de lave, il a fendu les voyelles des huîtres/ Et brûlé le silence marin sur une mèche de mots. _ Dylan Thomas

Moi, né de la chair et de l’âme, je n’ai jamais été/ Ni âme ni homme, mais une âme mortelle _ Dylan Thomas

J’ai soufflé la bougie de ces rêveurs pour les mettre au lit/ Où ils dorment toujours inconscients de leur âme. _ Dylan Thomas

La mort est toutes métaphores, la forme d’une seule histoire. _ Dylan Thomas

N’es-tu pas mon père, ou le bras dressé/ Dans ma haute tour n’est-il pas moulé dans la pierre ? _ Dylan Thomas

Mes images traquent les arbres et le tunnel oblique de la chair,/ Aucune marche plus périlleuse, la piste verte et la flèche/ Montent en suivant des pas de l’homme. _ Dylan Thomas

Un ver dit l’été beaucoup mieux que l’horloge,/ La limace est un vivant calendrier des jours./ Que me dira-t-elle si un insecte sans fin/ Affirme que le monde s’efface peu à peu ? _ Dylan Thomas

Seigneur d’en haut, fais sortir le chant du nuage et arrache/ Une musique de mandragore à la racine de la moelle. _ Dylan Thomas

Moi, dans les dédales de mon image, à cheval sur deux plans, / Forgé avec les minéraux de l’homme, barde de cuivre/ Coulant mon âme dans le métal,/ Je foule au pas de course ce monde jumelé,/ Et, dans le couloir de la mort, je plaque la moitié de mon âme en armure/ Sur ma timidité d’homme de fer. _ Dylan Thomas