Face de l’amertume / évidence tannée / en cette matinée / comme la foudre tonnant / sur une foudre de haine / ils ont jailli du vide / vide délavé par les mirages / urine du soleil résine du sable / Vide disette anomie / amnésie dessèchement / stérilité comme leurs yeux / leurs yeux / où a tari la rosée / leurs yeux lave / haine violence brûlantes / comme le poil du feu / dans leurs prunelles / regard lame affûtée _ Hawad

Il peut, oh oui, en lui-même, hurler, plongé / dans la terreur d’une hypocrisie / qui est la norme de l’humble univers : /… / mais face aux autres, il sait qu’il n’y a pas d’autre issue / que d’accepter la fin de tout ce qui s’est terminé / dans l’humiliation, ou dans un peu de poésie… _ Pier Paolo Pasolini

La tête sur la roue / j’avance face contre terre / lié par ce solide mouvement / qui ne se peut briser qu’il ne me jette — / Je roule dans le cadre fermé / avec la solitude à droite et le grand pont / rouillé à gauche. _ Benjamin Fondane

Masques à notre face durement noués, le théâtre y conspire, l’âme y jette une adverse lumière _ Roger Kowalski

Si le soleil ne s’éteint pas sur mes États, / c’est que mon règne est d’un seul jour. / L’anti-roi de la nuit d’en bas, / l’anti-moi de l’autre face, / il pense et meut un ciel noir crevé d’astres. _ René Daumal

J’ai cru bien entendu / qu’il fallait partir à la chasse, poursuivre / le temps comme une biche rapide, arracher / ses cornes, jouir / de l’hémorragie des heures / tombées dans le crépuscule la face couchée dans l’étang. _ Benjamin Fondane

Le vide. Face aux yeux écarquillés. S’écarquillant où faire se peut.Toutes parts. En haut en bas. Ce champ étroit. Savoir pas plus. Voir pas plus. Dire pas plus. Ça seul. Ce petit peu de vide seul. _ Samuel Beckett (trad. Edith Fournier)

Loin de l’endroit où tant de rêves meurent / La mémoire entasse des heures / Au bord de l’eau / Les arbres pleurent / La montagne roule son dos / En haut une tête se penche / La face que l’on voit est blanche _ Pierre Reverdy

Une face pestiférée qui sombre jusqu’aux ombres,/ Des ronces en quête du manteau rouge de qui expie ;/ Tout bas le doigt magique de l’aveugle suit/ Ses étoiles éteintes. _ Georg Trakl

Quelque chose me souffle à la face, je respire ce souffle frais !/ Le moment est venu de partir, je ne reviendrai plus jamais ! _ Paul Claudel