Voyait-elle plus haut que le ciel des patries / Le monument ailé de ses allégories ? / Mille anges de la danse aux ailes d’or et lourds / Soulevaient l’opéra de marbre et de velours. / Les voiles de Léone étaient ceux d’un navire. _ Jean Cocteau

L’homme fat se réfugie / dans la responsabilité. / Il ne veut pas être bétail du sacrifice, / il veut être le sacrificateur. / Il ne veut pas se construire une arche, / il veut être les nuages du déluge. / Il ne veut pas être / le gibier bleu de la terre / il veut offrir un banquet à la terre. _ Jean Cocteau

Je veux tout oublier, et cet ange cornu / Comme le vieux Moïse, / Qui de moi se sachant le visage inconnu / À coups de front me brise. _ Jean Cocteau

ainsi / sombre le bal / dans les mille miroirs du palace _ Jean Cocteau

Dites-moi où le bât / vous blesse. Je soignerai la blessure / aux lèvres froides grandes ouvertes / criant son cri. _ Jean Cocteau

Le bâillement de cette gorge d’orchidée / Sauvage (le poète est aussi médecin) / Délivre le pollen d’une petite idée, / Faisant la mère inceste et le fils assassin. _ Jean Cocteau

C’est parfois difficile / D’être seul, quand on s’aime / À deux. _ Jean Cocteau

Tristesse, engrais de mes bonheurs. Il nous termine, / Ce grillage, partout sorti des encriers. _ Jean Cocteau

J’élabore / dans les prairies du silence / intérieur _ Jean Cocteau

Au fond de l’océan / l’éponge écoute /…/ une hélice transatlantique _ Jean Cocteau

Je suis voué à la solitude. / Je louche de partout. _ Jean Cocteau

Dans le bocage de mes os, / Dans l’arbre bleu de mes artères, / Mêlez-vous, fleurs, poissons, oiseaux, / Si mal réunis sur la terre. _ Jean Cocteau

Pastèque froide en neige rose _ Jean Cocteau

Pas ces monstres charmants, / mais l’ange informe, / intérieur, qui dort / et, quelquefois, doucement / du haut en bas s’étire : / il se réveille ! _ Jean Cocteau

Un homme écorché vif revêtu de sa peau / Meurt de vivre drapé dans les plis du drapeau. / Il dormait. Il s’éveille. Il écrit un poème. / Ce poème — il le sait — n’est pas de ceux qu’on aime. _ Jean Cocteau

Quoi, ce timide oiseau, replié par le songe / Déserterait son nid, / Son nid d’où notre corps à deux têtes s’allonge / Par quatre pieds fini. _ Jean Cocteau

Le Paradis, tombant, s’était cassé dans l’ombre. _ Jean Cocteau

Cet ange, ce monstre informe, / Ne dort jamais un moment, / Et non plus il ne m’informe / De quoi je suis l’instrument. _ Jean Cocteau

Sur la vertu de l’herbe interrogez l’oracle. / Sa bouche d’ombre imite un bâillement de fleur / Dont la gorge à points blancs que du feu rose racle / Laisse entendre une voix lointaine de souffleur. /…/ Le bâillement de cette gorge d’orchidée / Sauvage (le poète est aussi médecin) / Délivre le pollen d’une petite idée, / Faisant la mère inceste et le fils assassin. _ Jean Cocteau

Un ours blanc / chamarré de moires chromatiques / se sèche au soleil de minuit _ Jean Cocteau

Je veux bien, tu me dis encore que tu m’aimes, / Vénus. Si je n’avais pourtant parlé de toi, / Si ma maison n’était faite avec mes poèmes, / Je sentirais le vide et tomberais du toit. _ Jean Cocteau

C’est la fonte des larmes. _ Jean Cocteau

Prisonnier sur parole de la terre / à quatre mille de hauteur / à l’infini de profondeur _ Jean Cocteau

Ce n’est pas dans le sable humain / qu’un ange laisse / des empreintes – Jean Cocteau

Quelle heure est-il sur terre où mon double m’imite ? _ Jean Cocteau

Sérénissime. Au lieu de mandragore pousse/ une racine d’entrailles./ Quelle forme elle a ! D’incendie/ pétrifiée par l’eau. _ Jean Cocteau

Ainsi je marche en l’air selon la loi du songe/ Ainsi m’est amical ce vide que je longe _ Jean Cocteau

_ l’oeil/ contre un presse-papier de cristal/ voit/ le carrousel des silences _ Jean Cocteau

_ La marmite, pleine de chats/ amoureux, épanouit/ à droite un cèdre instantané/ de foudre et d’ombre. _ Jean Cocteau