tard venue mais du fond de la nuit / de lèvres mal fermées qui s’obstinent / la lumière dévore, ou son absence de limites, / un espace franchi pauvrement /…/ si je sombre je sombre avec elle / le mot duel au bord des lèvres / donnant sa forme au silence /comme une flûte inclinée /…/ la même érudition stridente/ se détache de la paroi /…/ et empierre une route inaccoutumée _ Jacques Dupin

métamorphosé par secousses, rétractations, dans l’entre-deux, l’implicite, le dos à dos avec la folie dont la force l’égare et dont le parfum le protège… / d’où vient que tant de violence et d’enjouement s’éparpille, s’exténue ? _ Jacques Dupin

Détaché de la nudité / balistique /…/ dehors, dedans se rétracte / neutre inondé /…/ rasant les murs / de son ombre violente /…/ écriture d’arpenteur / pour rejoindre la horde _ Jacques Dupin

L’exclamation qui courbe la vitre favorise un dernier éclat _ Jacques Dupin

il est le seul à s’échapper le sang /sous la porte d’une cellule… _ Jacques Dupin

Jette tes vêtements et tes vivres, / Sourcier de l’ordinaire éclat. _ Jacques Dupin

l’émerveillement comme à la frontière d’un territoire excessif _ Jacques Dupin

à peine la clarté que laisse la mer en se retirant _ Jacques Dupin

L’éternité comme thème / de jeu enfantin / mais le bras est plus lourd que l’ombre / et mieux irrigué / dans le désastre _ Jacques Dupin

Souffrant. Ne souffrant presque plus déjà… J’écris le plus, le presque, le déjà,— de la mort déçue. J’écris au passé infini, enfantin, d’un rayon brisé. De la lumière ouverte… _ Jacques Dupin

Il affame ses aigles. J’ai pitié de lui. _ Jacques Dupin

nous errons dans le froid de plusieurs soleils _ Jacques Dupin

Cicatrices par le soc et la proue, marques de roue dans la chair… J’ignore l’avant et l’après de cette montée dansante de la boue… Mes yeux sombres fixent tes yeux clairs. _ Jacques Dupin

Plus lourde d’être nue/ ses vocalises meurtrières/ son rire au fond de mes os _ Jacques Dupin

L’immobilité devenue/ Un voyage pur et tranchant, _ Jacques Dupin

ayant pris corps/ dans un remous de vinaigre _ Jacques Dupin

_ Ecrire comme si je n’étais pas né. Les mots antérieurs : écroulés, dénudés, aspirés par le gouffre. Ecrire sans les mots, comme si je naissais. _ Jacques Dupin

_ Pour la rage obscène des prisons/ d’un doigt trempé dans la merde il trace/ sur le mur qui se rapproche/ le signe de sa raison, la lettre nue/ de sa souveraineté captive _ Jacques Dupin

_ Surgir de l’effacement d’une trace illégitime _ Jacques Dupin

_ Ma méditation ton manteau se consument _ Jacques Dupin

_ le rocher qui obstrue le sens n’est qu’un nuage désoeuvré qu’on traverse _ Jacques Dupin

_ l’orage fraye un chemin parmi les violettes atroces _ Jacques Dupin

_ un grand corps machinal bouge/ fleuve aux membres séparés/ à la musculature jaune prisonnière/ comme des noeuds vieux dans le bois _ Jacques Dupin

_ J’attendais tout de la violence de l’oubli _ Jacques Dupin

_ Ils mutilent leurs traits pour que reculent les miroirs, et c’est le masque qui pousse le cri. _ Jacques Dupin

_ Longtemps l’angoisse et ses travaux de vannerie,/ Soudain cette ombre qui danse au sommet du feu/ Comme une flamme plus obscure. _ Jacques Dupin

_ Extraire le corps/ de sa gangue de terre/ brûlée, de terre/ écrite _ Jacques Dupin

_ Maintenant je parle sans porte-voix. Sans ravin dans la poitrine. Sans éclisses dans le coeur. Je parle comme je respire. Je respire comme une pierre. _ Jacques Dupin