Ces nuits t’en souvient-il quand la nuit nous recouvre / La nuit qui vient du cœur et n’a pas de matin. _ Paul Éluard

Dévoré par les plumes et soumis à la mer, / Il a laissé passer son ombre dans le vol / Des oiseaux de la liberté. _ Paul Éluard

Un bel oiseau me montre la lumière / Elle est dans ses yeux, bien en vue. / Il chante sur une boule de gui / Au milieu du soleil. /… / Les yeux des animaux chanteurs / Et leurs chants de colère ou d’ennui / M’ont interdit de sortir de ce lit. / J’y passerai ma vie. _ Paul Éluard

Et des murs innombrables croulent / Derrière ton tableau et toi l’œil fixe / Comme un aveugle comme un fou / Tu dresses une haute épée vers le vide _ Paul Éluard / à Picasso

Ferme les yeux visage noir / Ferme les jardins de la rue / L’intelligence et la hardiesse / L’ennui et la tranquillité / Ces tristes soirs à tout moment / Le verre et la porte vitrée / Confortable et sensible / Légère et l’arbre à fruits / L’arbre à fleurs l’arbre à fruits / Fuient. _ Paul Éluard

Nuages du premier jour, / Nuages insensibles et que rien n’autorise, / Leurs graines brûlent / Dans les feux de paille de mes regards. /…/ A la fin, pour se couvrir d’une aube / Il faudra que le ciel soit aussi pur que la nuit. _ Paul Éluard

Soleil de proie prisonnier de ma tête, / Enlève la colline, enlève la forêt. / Le ciel est plus beau que jamais. / Les libellules des raisins / Lui donnent des formes précises / Que je dissipe d’un geste. _ Paul Éluard

Nous nous réveillons impurs / Nous nous révélons obscurs /…/ Brutes mentales du chaos / Vapeurs uniques de l’abîme _ Paul Éluard

Le piège obscur des hontes / Avec entre les doigts les brûlures du jour _ Paul Éluard

L’homme s’enfuit, le cheval tombe, / La porte ne peut pas s’ouvrir, / L’oiseau se tait, creusez sa tombe, / Le silence le fait mourir. _ Paul Eluard

L’horizon borde mes paupières / Par quel miracle aurais-je peur /…/ L’espace est le filet de lait / Qui me nourrit et m’éternise _ Paul Eluard

A haute voix / L’amour agile se leva / Avec de si brillants éclats / Que dans son grenier le cerveau / Eut peur de tout avouer. _ Paul Eluard

Qui a votre visage ? / La bonne et la mauvaise / La belle imaginable / Gymnastique à l’infini / Dépassant en mouvements / Les couleurs et les baisers / Les grands gestes la nuit. _ Paul Eluard

A droite je regarde dans les plus beaux yeux / A gauche entre les ailes aveugles de la peur _ Paul Eluard

De véritables dieux, des oiseaux dans la terre /Et dans l’eau, je les ai vus. /…/ Leurs ailes sont les miennes, rien n’existe / Que leur vol qui secoue ma misère, / Leur vol d’étoile et de lumière / Leur vol de terre, leur vol de pierre / Sur les flots de leurs ailes _ Paul Eluard

J’efface mon image je souffle ses halos / Toutes les illusions de la mémoire / Tous les rapports ardents du silence et des rêves / Tous les chemins vivants tous les hasards sensibles / Je suis au cœur du temps et je cerne l’espace. _ Paul Eluard

La plate volupté et le pauvre mystère / Que de n’être pas vu. _ Paul Eluard

Les oiseaux maintenant volent de leurs propres ombres / Les regards n’ont pas ce pouvoir _ Paul Eluard

La route est courte / On arrive bien vite / Aux pierres de couleur / Puis / A la pierre vide _ Paul Eluard

D’immortelles misères pour violer l’ennui / Installent le repos sur un roc de fatigues / Le corps creux s’est tourné l’horizon s’est noué _ Paul Eluard

Muet malheur de l’homme / Son visage petit matin / S’ouvre comme une prison / Ses yeux sont des têtes coupées / Ses doigts lui servent à compter / A mesurer à prendre à convaincre / Ses doigts savent le ligoter. _ Paul Eluard

Dans les méandres de ma chambre / Fermée aux jeux de l’impatience / Je ne rêvais que de fenêtres _ Paul Eluard

Elle ne peut pas être seule / Elle se couronne d’oubli / Et sa beauté couvre les heures / Qu’il faut pour n’être plus personne. / Elle va partout fredonnant / Chanson monotone inutile / La forme de son visage. _ Paul Eluard

J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir / J’ai fermé les yeux pour pleurer / De ne plus te voir. Paul Eluard

Blason dédoré de mes rêves / Ai-je fait mon deuil de moi-même _ Paul Eluard

La joie de vivre est un fruit mûr / Que le soleil glace de sucre _ Paul Eluard

Des aveugles invisibles préparent les linges du sommeil. La nuit, la lune et leur coeur se poursuivent. _ Paul Eluard

Sur la maison du rire/ Un oiseau rit dans ses ailes./ Le monde est si léger/ Qu’il n’est plus à sa place/ Et si gai/ Qu’il ne lui manque rien. _ Paul Eluard

Désordre dérisoire/ J’ai déjoué les pièges/ Les morts ne dorment pas/ Ils ne reflètent rien/ Et ni l’eau ni le vent ni le soleil ni l’aube/ Ne peuvent les distraire _ Paul Eluard

Son corps était en ordre,/ Le corps des autres est venu disperser/ Cette ordonnance qu’il tenait/De la première empreinte de son sang sur terre. _ Paul Eluard

Le sommeil a pris ton empreinte/ Et la colore de tes yeux. _ Paul Eluard

Je vois des beautés inutiles/ S’éteindre dans la nuit du doute _ Paul Eluard

Aiglon tremblant fils du vertige _ Paul Eluard

Toutes les blessures de la lumière/ Tous les battements des paupières/ Et mon coeur qui se bat/ Nouveauté perpétuelle des refus _ Paul Eluard

Les jouets et les jeux sont changés en outils/ En travaux en objets capitaux en soucis/ Il nous faut nous cacher pour simuler l’enfance/ Il nous est interdit de rire sans raison _ Paul Eluard

J’écoute tous les mots que j’ai su inspirer/ Et qui ne sont plus à personne/ Je partage l’amour qui ne me connaît pas/ Et j’oublie le besoin d’aimer. _ Paul Eluard

Tous les mots se reflètent/ Et les larmes aussi/ Dans la force perdue/ Dans la force rêvée _ Paul Eluard

Et les ciseaux des yeux coupent la mélodie/ Qui bourgeonnait déjà dans le coeur du chasseur. _ Paul Eluard

Mon miroir est détaché/ De la grappe des miroirs/ Une maille détachée/ L’amour juste le reprend _ Paul Eluard

Je n’ai pas été jeune et je ne mourrai pas _ Paul Eluard