Il faisait un temps magnifique quand tu es mort / Le cimetière était si joli /que personne ne pouvait être triste / On s’aperçoit depuis quelque temps que tu n’es plus là / Je n’entends pas tes ricanements /Tu te tais / ou tu hausses les épaules / tu ne voudras jamais connaître le paradis / Tu ne sais plus où aller / Mais tu t’en moques _ Philippe Soupault

Comme un fil de soie / comme un nuage de laine / le soir descend à perdre haleine / et nous soupirons de plaisir / Un grand cri un oiseau gris / et toutes les cloches de la terre / appellent les brebis / dans les champs et sur l’océan / tous les nuages sont partis _ Philippe Soupault

Pour s’endeuiller / un monsieur chausse / des lunettes noires _ Philippe Soupault

Chien perdu / aux yeux sans larmes / que la nuit guette / cette nuit peuplée de cette foule / qui n’est qu’un seul visage / qu’un seul appel / qu’une seule ombre _ Philippe Soupault

Regarder un animal dans le blanc des yeux / sans rougir / sans avoir l’air d’y toucher / en louchant si possible / en tapant du pied / en frappant des mains _ Philipe Soupault

Je n’écoute et je ne vois plus rien / que ce nom qui là-bas scintille / et qui murmure et qui éclate / et qui s’approche / plus rien si ce n’est cette chanson / qui s’enroule autour de ton nom _ Philippe Soupault

Je vois des grands chemins très blancs / comme les lignes de la main / Rien ne sert de pleurer / les larmes éternelles sont les étincelles / qui brillent et qui creusent / les yeux d’un vert spécial / presque tendre _ Philippe Soupault

Chacun son tour et tour à tour / pour le malheur ou le bonheur / Il faut savoir jouer tous les jours / pour le pire et pour le meilleur / Ne pas être impatient / puisque nous savons tous / que viendra le moment / où nous ne pourrons plus choisir / notre dernier mot notre dernier soupir _ Philippe Soupault

J’abandonne ce repos trop fort / et je cours haletant vers le bourdonnement des mouches _ Philippe Soupault

Tout s’éteint / quand on prononce le mot / qui était ta vie / Tout se tait / malgré ton appel / malgré ta voix qui s’élève / quand il s’agit de ce mot / demain _ Philippe Soupault

Marchand de sang cœur infatigable / que tu es lourd mon ami / ennemi vigilant insatiable / au fond d’un puits au fond de moi / mécanique ou dentelle du soir / que tu es lent et méthodique / nuit et jour soir et matin / cœur souvenir qui se souvient _ Philippe Soupault

Papillons d’eau douce et papiers de soie _ Philippe Soupault

Vos rêves ce sont les couronnes / des nuits des heures monotones / que vous donnez à ceux qui meurent / de ne croire qu’à ce qui demeure _ Philippe Soupault

“ Un éléphant dans sa baignoire » _ Philippe Soupault

Je descends sans conviction des marches sans but / et je continue sans regret jusqu’au sommeil / dans les yeux des miroirs et dans le rire du vent / je reconnais un inconnu qui est moi / je ne bouge plus / j’attends / et je ferme les yeux comme un verrou _ Philippe Soupault

Est-ce un oiseau qui aboie / une lampe qui fume / un enfant qui verdoie / C’est un lapin qui chante / un homme qui rit / un prêté pour un rendu _ Philippe Soupault

C’est la Nuit qui secoue les branches / messages du ciel / les oiseaux immobiles crient / les serpents s’enterrent / et les hommes ferment les volets / et les paupières / messages de la terre _ Philippe Soupault

composition / 64 _ L’avion tisse les fils télégraphiques _ Philippe Soupault

chercher le feu chercher la nuit / les yeux les mains ce parfum / souvenir qui couve et luit _ Philippe Soupault

Sommes-nous nus / ou démontables / à la lueur des chalumeaux / quand la lune se met à table _ Philippe Soupault

Il est tard et déjà / dans l’ombre et dans le vent / un cri monte avec la nuit / Je n’attends personne / plus personne / pas même un souvenir / L’heure est passée depuis longtemps _ Philippe Soupault

j’écoute les fleurs chanter / Il y a des adieux des oiseaux _ Philippe Soupault

Si le monde était un gâteau/ La mer de l’encre noire/ Et tous les arbres des lampadaires/ Qu’est-ce qui nous resterait à boire _ Philippe Soupault

Mon Dieu mon Dieu/ je serai donc toujours le même/ la tête dans les mains/ et les mains dans la tête _ Philippe Soupault

Nous l’avons tous connu il était métallique/ Sa fille préférée s’appelait Mélancolique _ Philippe Soupault

Un fil se tend/ une ombre descend/ un papillon éclate/ l’orage/ un ballon/ lune de miel ou d’argent/ quatre à quatre _ Philippe Soupault

Cet oiseau noir dans ma tête/ Ne se laisse pas apprivoiser/ Il est comme un nuage qui se défile/ et qu’on n’attrape jamais/ comme la fumée entre les doigts/ et la brume sur les yeux _ Philippe Soupault

Le chien qui crie au fond de moi/ attend sa proie/ et ce n’est que ce souvenir/ cette main douce/ qui le chasse/ Chien perdu/ aux yeux sans larmes _ Philippe Soupault

Trois jours encore trois jours/ et ce monde s’éclaire/ les siècles trois par trois se succèdent comme des nuages/ et voici qu’au loin une terre/ s’illumine _ Philippe Soupault

Charles le Musicien et sa soeur Trottinette/ vont au bois, vont au bois/ sans savoir où ils vont/ Un éléphant veut gober le soleil/ et la rivière cueillir une fleur en passant/ Trottinette et son frère Charles le Musicien/ où vont-ils où vont-ils/ personne ne le saura personne ne le sait _ Philippe Soupault

Je laisse sans regret s’écouler les injures/ et je passe mon chemin/ au bord duquel les doux les serviables/ plantent sans impatience/ ces arbres magnifiques du mépris _ Philippe Soupault

J’ai voulu vivre en revivant/ les jours perdus les rêves rêvés _ Philippe Soupault

_ La colère bondit hors du temps suspendue/ figure de proue/ et sur l’horizon espace des définitions/ se pose le grand oiseau avec un cri _ Philippe Soupault

_ Sa vie fut un calvaire sa mort romantique/ Sa mère était trombone son enfant asthmatique _ Philippe Soupault

_ Il n’y a que le silence/ qui soit tout doré sur tranche/ les chansons sont des gouttes d’or/ dont le refrain est la mort. _ Philippe Soupault

_ Vous les navigateurs/ qui d’une main écartez le vent/ vous qui préférez les étoiles je vous attends près de l’horizon _ Philippe Soupault

_ On ne sait jamais où aller/ Assis/ Debout/ Couché/ En avant/ Accrochez les wagons _ Philippe Soupault