Le plus petit caillou est baigné d’infini. _ Edmond Jabès

Dites-moi où le bât / vous blesse. Je soignerai la blessure / aux lèvres froides grandes ouvertes / criant son cri. _ Jean Cocteau

Il fourre de cailloux / le savon de l’esthétique /…/ Libéré le miroir _ Christian Dotremont

Il est constant qu’une fourmi obèse, nous frappe moins qu’un éléphant maigre. _ Marcel Havrenne

Il est bien évident — avait-il noté — que le mot « azur » évoque le mot “ciel » mais ne le révèle pas. Le mot « vide », par contre, le pourrait. / Si j’écris : « Avant d’être noir, bleu fut le vide de mon âme », je couvre, avec cette seule phrase, toute l’étendue du ciel. _ Edmond Jabès

Le bâillement de cette gorge d’orchidée / Sauvage (le poète est aussi médecin) / Délivre le pollen d’une petite idée, / Faisant la mère inceste et le fils assassin. _ Jean Cocteau

Par-dessus les marais, les oiseaux ne chantent pas à gorge déployée. / Mais dans le bocage, quel ramage ! _ Henri Michaux

L’eau qui dort ne rêve jamais que du même paysage. _ Marcel Havrenne

Les oiseaux qui inventent le ciel. Pour éviter le vertige. La chute. _ Christian Bobin

La pensée est sans attaches : elle vit de rencontres et meurt de solitude. _ Edmond Jabès

Il laisse aux éclats du travail / le souffle du cri /…/ Démuré le mur _ Christian Dotremont

Qu’on laisse à chacun sa part d’ombre et les lumières / qui nous éclairent tous seront bien gardées. _ Marcel Havrenne

l’eau a besoin des ruisseaux confirmés / pour creuser les grands fleuves aimantés / où le pêcheur jette l’appât de ses songes _ Joseph Noiret

La lumière du jour n’est pas la vraie lumière. _ Christian Bobin

J’ai vu dans l’œil animal / la vie paisible qui dure, / le calme impartial / de l’imperturbable nature. /…/ La bête connaît la peur; / mais aussitôt elle avance / et sur son champ d’abondance / broute une présence / qui n’a pas le goût d’ailleurs. _ Rainer Maria Rilke