Je ne sais plus à qui mentir / quand je suis seul / quand je rêve seul / Parfois mon lit m’avale / m’accueille en souriant / Puis il se plie en deux / telle une pizza qu’on mange avec les mains _ Claudio Pozzani

Si le soleil ne s’éteint pas sur mes États, / c’est que mon règne est d’un seul jour. / L’anti-roi de la nuit d’en bas, / l’anti-moi de l’autre face, / il pense et meut un ciel noir crevé d’astres. _ René Daumal

Pensées en guerre / veulent briser mon front _ Octavio Paz

On a pris nos empreintes / sur toute la terre, et plus loin. / À quoi servent sanglots et plaintes ? / La route marche et ne finit point. _ Benjamin Fondane

Maintenant que tu ne me donnes plus / ni joie ni tristesse, / je n’ai que le désir / d’ouvrir la fenêtre de ma mémoire / pour faire sortir cette mouche / pleine de nos souvenirs. _ Claudio Pozzani

La joie, un moment, a eu lieu / Il y a eu un instant de trêve / Où j’étais dans le corps de Dieu / Mais depuis, les années sont brèves. _ Michel Houellebecq

Alors il a gonflé sa Gorge / Et jeté une telle Note / Qu’un Univers l’ayant surprise / En est saisi encore — _ Emily Dickinson

Je m’éloigne de moi-même, / à la suite de cette phrase titubante, / sentier de pierres et de chèvres. / Les mots luisent dans l’ombre. / Et la noire marée des syllabes / couvre le papier, elle enterre / leurs racines d’encre / dans le sous-sol du langage. _Octavio Paz

Puissances sans figure ! / Une absence nous creuse sur l’oreiller du vide, / la matière n’est plus possession mais échange, / le moindre événement du pôle / nous fripe le visage _ Benjamin Fondane

Défilé de rayons, toujours, les / miroirs, loin comme la nuit, sont debout / face à face, et moi, / qui t’ai rejoint, en / accord avec ce / passé. _ Paul Celan