Nos rides poussent dans la glace / nous vieillissons dans l’air, dans l’herbe / et le monde se refroidit dans notre sang… _ Benjamin Fondane

rêve / sans fin / ni trêve / à rien _ Samuel Beckett

Hyppolite, l’oiseau du nord / Qui passa sur la plaine / L’oiseau qui chante, rêve et mord, / L’avez-vous vu à la fontaine ? / Il chante, il rêve, il mord, / Il dort. _ Robert Desnos.

La plate volupté et le pauvre mystère / Que de n’être pas vu. _ Paul Eluard

Dans une ère où le poème était jeu _ Armand Robin

Triptyque / volet C _ Des algues me couvraient,/Avec des coquillages je jouais./…/ Même quand je joue / Avec les branches qui me couvrent, /…/ Je suis avec vous tous / Je suis votre peur de la mort. _ Armand Robin

Triptyque / volet B _ Sans seuil, sans sol, sans ciel, vent par vent je m’étends, / Passager m’assaillant de hasards oscillants, / Me plissant en sillages sauvages, multipliant / L’ouragan par l’ouragan, éconduisant / L’écume, lente amante étendant son lit blanc. _ Armand Robin

Triptyque / volet A _ Dans l’ère de haine et de propagande / Je veux une surface aussi grande. /…/ Je n’ai pas besoin de vent pour élargir mes gestes, / Je n’ai pas besoin d’écho pour ébruiter mes cris. _ Armand Robin

Les derniers rideaux du sommeil / ondulent au bruit sourd des coups du sang / dans les membres creux des statues. _ René Daumal _ (visuel : installation de Michel Blazy au collège des Bernardins)

La solitude vient — est-ce bien la dernière ? / Quelqu’un déjà tourne de l’œil / dans un naufrage sans mémoire. _ Benjamin Fondane

Hommes nés trop tôt, éternellement trop tôt, / Hommes qui auriez trempé dans les révolutions de demain / Si le destin ne vous imposait de faire les révolutions pour en mourir, / Hommes assoiffés de trop de justice _ Robert Desnos

Dieu se promenait là, violoneux de garde, qui, d’un coup d’archet, / A fait descendre le pardon sur les pentes du ciel. _ Dylan Thomas

dans l’eau de mon rêve fleuri de splendides inutilités _ Tristan Tzara

Quand fleurissent les pruniers / le jardin s’emplit / de requins bleus _ Kaneko Tôta

L’homme est jusqu’à présent un animal social pas beaucoup plus policé que les autres (abeilles, fourmis, termites, etc.). Plutôt moins. Pourtant il semble à certains indices, etc. / Il a sorti de lui-même l’idée de Dieu. Il faut qu’il la réintègre en lui-même. _ Francis Ponge

Je sens qu’il faudra être grand / dans cette solitude vierge / que vient de balayer le vent — / oiseaux plus grands que neige… _ Benjamin Fondane

Le face-à-face fonde le langage. _ Emmanuel Lévinas

Marchand de sang cœur infatigable / que tu es lourd mon ami / ennemi vigilant insatiable / au fond d’un puits au fond de moi / mécanique ou dentelle du soir / que tu es lent et méthodique / nuit et jour soir et matin / cœur souvenir qui se souvient _ Philippe Soupault

ce corps que j’ai encore

Quoi, ce timide oiseau, replié par le songe / Déserterait son nid, / Son nid d’où notre corps à deux têtes s’allonge / Par quatre pieds fini. _ Jean Cocteau

Le souvenir est une trahison envers la Nature, / parce que la Nature d’hier n’est pas la Nature. / Ce qui fut n’est rien, et se souvenir c’est ne pas voir. _ Fernando Pessoa

je n’ai rien à dire et je le dis. _ John Cage

La poule enlève le renard / sous son bras de plume / le coq crie un peu tard / il est tout rouge /…/ la poule joue au casino / emmitouflée dans un boa / le kidnappé crie un peu tard / qu’on ne l’y reprendra pas /…/ elle retourne au poulailler / pondre l’œuf de son infortune / le coq chante un peu trop tôt / le renard court un peu plus vite _ Raymond Queneau

Un petit poème. / Incertain encore il respire en couveuse / la salle se soins intensifs est pleine / de petits et grands poèmes enfermés / dans leurs cocons de plastique translucide. / Petits ou grands toujours prématuré / de savoir s’ils vivront. _ Kiki Dimoula

Il avançait toujours — et ce n’était pas Lui. / Je le suivais. J’étais à deux pas de son ombre. / C’était une poursuite lente / si lente et en dehors du temps / que l’aube tout à coup étala ses marais / et que l’on étrangla des coqs, qui éclatèrent / au centre du soleil _ Benjamin Fondane

Les feuilles sont tombées / pendant que les oiseaux comptaient / les gouttes d’eau / Les lampes s’éteignaient derrière les rideaux _ Pierre Reverdy

Ma femme aux yeux pleins de larmes / Aux yeux de panoplie violette et d’aiguille aimantée / Ma femme aux yeux de savane / Ma femme aux yeux d’eau pour boire en prison / Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache / Aux yeux de niveau d’eau de niveau d’air de terre et de feu _ André Breton

Mets ta main / sur mon front / comme si ta main / était ma main. _ Attila Jozsef

Ce n’est pas — la » Révélation « — qui attend, / Mais nos yeux démunis — _ Emily Dickinson

Un coquillage est une petite chose, mais je peux la démesurer en la replaçant où je la trouve, posée sur l’étendue du sable. _ Francis Ponge