Les oiseaux qui gardent toujours un désir antérieur au monde : le désir de n’être rien. Ce rien des cailloux de plumes et de sang mêlés que pas même le vent ne bouscule. Ce papier froissé d’os et de cornes, contre une palissade, derrière un mur. _ Christian Bobin

Ombre si douce au toucher / Miroir heureux où se penche / Un visage que rien ne dérange / Comme un aveu d’éternité. _ Jean Cayrol

Îles / Îles / Îles où l’on ne prendra jamais terre / Îles où l’on ne descendra jamais / Îles couvertes de végétations / Îles tapies comme des jaguars / Îles muettes / Îles immobiles / Îles inoubliables et sans nom / Je lance mes chaussures par-dessus bord car je voudrais bien aller jusqu’à vous _ Blaise Cendrars

… Monde nouveau? Voici pourquoi : je crois (encore ce ton messianique, ridicule vous avez raison) que l’homme sera mentalement changé du fait que sa condition sociale le sera. Mettons seulement, si vous voulez, son état psychique. _ Francis Ponge

Quand la continuation de l’existence ne va pas de soi, la somnolence est impossible. _ Vladimir Jankélévitch

On n’arrive à ton âme/ ni par la terre, ni par la mer. _ Kiki Dimoula

Au fin fond de la mer veillait les dents lucides/ et sa gorge fanée goudronnée de sanglots/ guettant les suppliciés la vieille néréide/ qu’on appelle l’Amante-aux-reflets-de-couteau _ Michel Leiris

un champs d’hypothèses

C’est l’homme tout entier qui est le temps incarné, un temps à deux pattes, qui va, qui vient et qui meurt : aussi l’homme n’a-t-il aucune prise sur le temps. _ Vladimir Jankélévitch

L’abstrait s’engendre et se multiplie par parthénogenèse. _ Guido Ceronetti

Le ventilateur—il tourne seulement/ pour les vivants _ Mayuzumi Shû

« Un grondement de tonnerre dans le ciel bleu et en plein jour./ La foule des hommes sur la terre ouvre ses yeux./ Tous les phénomènes de l’univers se prosternent d’un seul mouvement./ Le Mont Sumeru* gambade et danse une farandole. » _ Wou-men _ /*centre de l’univers/

galaxie elliptique en magnitude apparente

sur les lèvres

_ C’est lui qu’elle attendait, la mer illuminée! / C’est lui, le fiancé, qu’elle appelait tout bas! _ Paul Claudel

koan: l’animal a-t-il la nature de Bouddha ?

flag

anthropomorphisme / séance

_ Peut-on jamais savoir par où commence/ Et quand finit l’indifférence/ Passe l’automne vienne l’hiver/ Et que la chanson de Prévert/ Cette chanson, Les Feuilles Mortes s’efface de mon souvenir _ Serge Gainsbourg

_ » A qui vais-je laisser ce monde inventé ?/ A qui laisserai-je l’Aurore ? A qui donnerai-je l’Eté ?… _ Jean Tardieu

paranoïa

_ Le petit homme qui chantait sans cesse/ le petit homme qui dansait dans ma tête/ le petit homme de la jeunesse/ a cassé son lacet de soulier _ Jacques Prévert

_Un petit tour du monde/ Un petit tour dans le monde/ Un petit tour et on s’en va/Allons allons/ Pressons pressons/ Soyez polis/ Ne poussez pas. _ Jacques Prévert

_ Comme un chien tenu en laisse/ Ton ombre pleine de paresse/ Etait lourde sans qu’il n’y paraisse. _ Robert Desnos

_ Yeux qui, croyant inventer le jour, avez éveillé le vent, que puis-je pour vous ? Je suis l’oubli. _ René Char

_ Elohîms dit : » Nous ferons Adâms -le Glébeux- à notre réplique, selon notre ressemblance. _ Genèse 1,26,26

le champ des possibles

_ Je faisais quelque chose/ je ne me rappelle pas quoi/ je me tenais en un lieu/ je ne me rappelle pas où/ j’attendais quelqu’un/mais qui? Je ne me rappelle pas _ Léonard Cohen

_ Sans des curiosités désespérées en mouvement continuel, le désespoir n’aurait pas de limites. Guido Ceronetti

OTTO

deux poubelles s’aimaient d’amour tendre, mais comment s’y prendre quand…

Temps_pi / temps_tième / temps_et plus / temps_mieux

« Par une fenêtre jaune d’or, entrent la pomme et l’ananas, l’insecte et le poisson, l’oiseau et l’ombre » Robert Desnos

« Blue note »

« Il n’existe qu’un seul pays: la frontière. » Lorette Nobécourt

Garden-party chez les Elfes et autres Lutins

« De la plus haute fenêtre de ma maison avec un mouchoir blanc je dis adieu à mes vers qui partent pour l’humanité. » Fernando Pessoa

cabinet de philosophie

« Tu me proposes, fenêtre étrange, d’attendre; déjà presque bouge ton rideau beige. Devrais-je, ô fenêtre, à ton invite me rendre? Ou me défendre, fenêtre? Qui attendrais-je? » R.M Rilke

procession sociale