L’esprit se serre / Le cœur se terre / Le verre mince s’est brisé / Quand on est arrivé on oublie le chemin / Derrière la barrière où s’ouvre la maison / En s’endormant le soir on entre dans le monde où l’on n’est rien / Quelques heures de plus pour ne plus être _ Pierre Reverdy

Si j’avais envie d’être heureux / J’apprendrais les danses de salon / Ou j’achèterais un ballon, / Comme ces autistes merveilleux /… / Qui survivent jusqu’à soixante ans / Entourés de jouets en plastique, / Ils éprouvent des joies authentiques, / Ils ne sentent plus passer le temps. _ Michel Houellebecq

La voici donc, la confusion de mon être; / Je suis incroyablement enfantin, comme vous le voyez, / Mais totalement dépourvu de fraîcheur _ Pier Paolo Pasolini

Langue, sois-moi toutes les langues ! / Cinquante langues, monde d’une voix ! _ Armand Robin

Peu aimés, il leur fallait laisser des traces matérielles ; / Mais eux ne souhaitaient d’autres dignités que nos visages / Pour y survivre incognito, heureux que nous ne puissions pas / Nous arrêter à ce qu’ils ont souffert, aimé, été. _ W.H. Auden

Dire un corps. Où nul. Nul esprit. Ça au moins. Un lieu. Où nul. Pour le corps. Où être. Où bouger. D’où sortir. Où retourner. Non. Nulle sortie. Nul retour. Rien que là. Rester là. Là encore. Sans bouger. _ Samuel Beckett

Garde ta mauvaise mémoire. Elle a sa raison d’être, sans doute. _ Henri Michaux

Que de gènes insatisfaits en tous, en chacun ! / Et toi aussi, tu pouvais être autre, tu pouvais même / être quelconque et… l’accepter. / Quel être t’es-tu mis à être ? _ Henri Michaux

Il suffit d’exister pour être complet. _ Fernando Pessoa

Le monde est une souffrance déployée. À son origine, il y a un nœud de souffrance. Toute existence est une expansion, et un écrasement. Toutes les choses souffrent, jusqu’à ce qu’elles soient. Le néant vibre de douleur, jusqu’à parvenir à l’être : dans un abject paroxysme. _ Michel Houellebecq

Tout seul plus seul encore que d’être avec moi-même / j’ai peuplé mon néant de visages à moitié inhumains / je touchais leur réel puisqu’ils étaient irréels / je partageais le sang de mon cœur avec le leur _ Benjamin Fondane

Mon être est spongieux de l’ennui dont est faite l’humaine ossature / et mon âme se morfond du souvenir de je ne sais quelle chose oubliée. _ Fernando Pessoa

Fantôme sans asile, aux actions sans mérite… Vous sentez-vous ainsi ? / Tonalité de L’Élagueur trompe-l’œil du feuillage, déprimé d’être. _ René Char

Je suis peut-être, moi-même, un véhicule de Dieu, / Mais je n’en ai pas vraiment conscience / Et j’écris cette phrase “ à titre expérimental “. /…/ Qui suis-je ? / Tout cela ressemble à une devinette. _ Michel Houellebecq

Nous voyagions depuis longtemps — / Nos pieds étaient presque arrivés / À cette Fourche étrange sur la Route de l’Être — / Lieu-Dit —l’Éternité — _ Emily Dickinson

Il existe un troisième terme : / l’être sans être, la plénitude vide, / heure sans heures et les autres noms / où apparaît et se disperse / dans les confluences du langage / non pas la présence : son pressentiment. / Les noms qui la nomment disent : “néant“, / mot à double tranchant, mot entre deux vides. _ Octavio Paz

Les oiseaux qui gardent toujours un désir antérieur au monde : le désir de n’être rien. Ce rien des cailloux de plumes et de sang mêlés que pas même le vent ne bouscule. Ce papier froissé d’os et de cornes, contre une palissade, derrière un mur. _ Christian Bobin

Je suis qui je n’ai pas réussi à être / Nous sommes tous qui nous nous supposons. / Notre réalité c’est ce que nous n’obtenons jamais. _ Fernando Pessoa

Le nuage d’être se condense/ se replie/ Cosmos-Univers/ cosmos de l’univers du “ soi “ _ Henri Michaux

Juste être présent à l’univers. _ Dainin Katagiri