Tout ce à quoi il mit la main prospéra tant / Qu’il fut bientôt le parfait Roi des créatures, / Mais, dans un cauchemar d’automne, il frissonna, /… / Car il vit s’avancer par un couloir en ruine / Un être dont les traits tout déformés étaient les siens, / Qui pleurait, devenait énorme et gémissait : Malheur ! _ W.H. Auden

Peu aimés, il leur fallait laisser des traces matérielles ; / Mais eux ne souhaitaient d’autres dignités que nos visages / Pour y survivre incognito, heureux que nous ne puissions pas / Nous arrêter à ce qu’ils ont souffert, aimé, été. _ W.H. Auden

Il aime faire des cadeaux, / mais difficilement oublie / ce que chacun d’eux a coûté. /…/ Il envie ceux qui ont appris, / quand ils lisent les journaux, / comment les replier. _W. H. Auden

L’obsession de la sûreté / Domine chez les Souverains ; / Son Altesse comme le Peuple / Choisit des îles pour prisons. _ W.H. Auden

La lumière moins publique, où la vie signifiait / Un peu plus qu’un campement en folie. « Venez ! » criaient les déserts de granit, / « Que votre humeur est vague, combien est fortuit / Le baiser le plus tendre, que la mort est durable ! » (De futurs saints / S’esquivaient avec un soupir.) « Venez ! » ronronnaient graviers et argiles _ W.H. Auden

Si obsédé par les rites / qu’une surprise agréable / suffit pour l’irriter. _ W.H. Auden

Mené par des morts inconnus, / Trompé par de pieuses hypothèses, / Sur le siège de la manie / Ou celui de la désolation, / Il trône, meurtrier lucide ; / D’énormes beautés l’environnent, / Car sa vision est grandiose / Et grandiose son amour. _ W.H. Auden

Corps et Esprit fonctionnent / Selon des horaires divers : / Ce n’est qu’après notre visite matinale / En ces lieux que nous pouvons / Laisser les inquiétudes mortes / De la veille derrière nous, / Affronter avec tout notre courage / Ce qui, à présent, va venir. _ W.H. Auden

par la grossière chirurgie / d’une bonne farce. Peut-être la seule histoire / inventée où votre présence paraît vraisemblable / est-elle le roman policier. Je peux / imaginer l’un de vous trouvant la solution /…/ d’un meurtre qui a déconcerté les spécialistes _ W.H. Auden

Ici, aucun indice ; pour choisir entre l’Art et la Science / Un génie à venir devrait jouer à pile ou face. _ W.H. Auden

Oh, regarde dans le miroir,/ Oh, regarde dans ta détresse ; / Quelle bénédiction, la vie,/ Même si tu ne peux pas bénir. _ W.H. Auden

Le Néant est trompeur quand il promet la preuve/ A toute ombre qu’il n’existe pas de jour/ Qui ne puisse être anéanti par quelque épée _ W.H. Auden

Personne de ma connaissance ne voudrait être enterré/ avec un shaker en argent – W.H. Auden

Clamant son esprit et sa rage,/ Debout autour de son squelette,/ Se dresse l’amant expressif,/ Se dresse l’homme réfléchi. _ W.H. Auden

Peut-être que la rose aime vraiment s’ouvrir,/ Que la vision vraiment souhaite demeurer;/ Ah, je te l’apprendrais, si je pouvais le dire. _ W.H. Auden

Nés sans argent et sans pitié,/ Des oiseaux à patte écarlate,/ Assis sur leurs oeufs tachetés,/ Regardent les villes grippées. _ W.H.Auden

Je connais un dentiste retraité qui ne peint que des montagnes,/ Mais les Maîtres s’en soucient rarement _ W.H.Auden

D’un monde où les promesses sont tenues,/ Où l’on puisse pleurer parce qu’un autre pleure. _ W.H.Auden

S’il pouvait oublier la puérile ambition de vieillir/ Et les institutions où il apprit la propreté et le mensonge,/ Il dirait cette Vérité pour laquelle il se sent trop jeune. _ W.H.Auden

On ne doit pas confier des remèdes à un empoisonneur,/ Ni de beaux appareils à un prestidigitateur,/ Ni de fusil à un raseur mélancolique. _ W.H.Auden

Avec fusil, jumelles, Bible,/ Investigateur militant/ L’ami, le téméraire, l’ennemi,/ L’essayiste, le très capable,/ Capable parfois de pleurer. _ W.H.Auden

Le glacier cogne dans l’armoire,/ Le désert gémit dans le lit/ Et la fêlure de la tasse/ Ouvre accès au pays des morts. _ W.H.Auden

_ Le trop logique se laissa berner par la sorcière/ Dont l’argument le convertit en pierre _ W.H.Auden